Roxanne du Lac ( Laetitia Marie)

vendredi 21 mars 2014

Insomnie de l'inconscient


Ne plus avancer, marcher à contresens. 

Mon cœur bat à l'envers. Je débite et décrypte le verlan de mon inconscient. 
Foule angoissante. 
J’étouffe. Agonie suffocante. La vie est provocante, n'est-ce pas ? 
J'ai la tête en vrac. Je veux courir sans mes jambes, tendre mes « sans bras » vers toi. 
Me recouvrir d'un drap. Devenir un fantôme qui déambule dans les couloirs de la vie.

Morcelée, décomposée.
Se décomposer pour mieux composer.
Pour une fois, je n'ai pas envie d'écrire. Je veux parler, crier, expulser mes souffrances.
Le mutisme est parfois trop bavard. Je suis à la fois victime et barbare.
Sors de mon corps !
J'attends que le vent souffle pour me sentir plus légère. Virevolter dans l'insouciance, loin de mon existence « mappemonde », réalité immonde nappée de beautés sucrées.
Immondices de contradictions à jeter sur du papier recyclé.
Me recycler, m'effacer, me gommer, me réécrire.
Tout se mélange.
Plus rien à de sens.
Je veux dormir d'insomnies. Vivre la nuit, mourir le jour.
Réservoir à sec, teint blanc-bec, tout mon être en break.
Obstacles et chaînes se déchaînent, propulsés, explosés. Je me déchire.
Je ne suis qu'une particule de moi-même. Je ne me connais pas. Mon reflet n'est qu'une image approximative. Ma voix, l’écho d'un autre.
Mon esprit apprécie les voyages qui le décrochent de la corde qui le pend à la vie.
Larguer les amarres.
Respirer le grand air.
Manquer d'aires.
Les abondances de mes réminiscences s'échouent sur la fréquence de l'absence. Je ne suis plus là, ici et ailleurs.
Voguer sans navire. Des rêves devenus vagues.
Partager mon Lucifer à chaque gorgée. Me noyer aux profondeurs de l'ivresse. Tourner la page. Reprendre au début. Retenir la fin et oublier le reste.
Pirater mon être, laisser mon paraître sur l'île déserte des connaissances.
Exubérance de l'enfer, parade et contre parade du paradis.
Cadre sans style. Je veux sortir de la toile. Mes cheveux dénoués, ondulés transportent le radeau vers un tourbillon médusé. Un parfum de gouaches se propage sur la voie contradictoire. Je rêve de devenir un piaf qui vaut mille or, emporté par la houle de mes souvenirs. Refrain lointain à la voix éraillée d'un vinyle rayé. Se perdre dans l'abstrait des rêves.
Tout se mélange.
Je dessine l'esquisse d'un tracé déjà colorié.
Réel ou imaginaire.
Rêves éveillés mènent vers la douleur du premier cri de la vie.
La vie est faite de contradictions. Naître sans être. N'être qu'un traître.
Laisser paraître un sourire courtois dans l'appendice d'une vie éteinte de réussites. Mes yeux ne pétillent plus. Ils crépitent et ravivent les lames funestes.
Bulles de champagne coupées du monde. M'isoler et m'éclater contre la paroi d'un verre vide.
Contresens et sens concrets.
Morte avant le combat.
Trajectoire en dérive, condamnée à subsister.
S'arrêter aux besoins primaires. Mon esprit est encerclé d'idées téméraires.
Se flageller d'être unique, avoir été le flagelle qui a tué ses frères.
Ne pas supporter autrui et se soumettre à l'autre.
Oublier l'animalité, censurer la normalité, accentuer la vulgarité d'une existence inutile.
Trouver, perdre, s'acharner, suffoquer.
Il pleure l'enfant que je n'aurai jamais. Nausées prématurées d'un ventre creux.
Prier pour ne rien changer, que les saints me nourrissent de leurs charognes.
Le lai coule sous mes plaies aux délicats plaisirs avariés, papier imbibé d'une eau croupie.
Symboles de vie.
Éléments fortifiants offerts au compte-gouttes. Tendre anémie voile doucement l'alchimie de mes os septiques qui se décomposent avec l'aide de la chère Mère aux nerfs à vif.
Prétexte sous-jacent de mes craintes immatures. Folie machiavélique enivre les mauvais esprits.
Principe de l'illogisme, sens cachés ou inversés.
Je censure et oublie ma mémoire.
Mûrement, je réfléchis, violée par la naïveté emmurée.
Déjà demain.
Aujourd'hui, pas encore.
Hier, peut-être.
La vie est une douce voie contradictoire. L'humain, un être conscient perdu dans l'inconscience de la Planète Terre. Tête ronde, pensée plate.
La vie est un leurre, une image, un mythe.
On n'existe pas, on n'existera jamais. Le temps ne s'endimanche du pluriel que pour plaire aux orgueilleux. On y laisse un « s » pour tromper l'ennemi, cacher la vérité. Tenir en laisse, accéder à la sagesse, inventer la philosophie. Le temps est le seul à préserver tout son sens.
Aucun retour en arrière possible.
Vouloir des limites dans l'infini.
Si l'existence est insupportable, il faut taire ses plaintes et condamner celui qui a voulu nous mettre sous terre.
Nourriture terrestre. Voilà, ce que nous sommes !
On vit, on meurt. On s'enterre pour nourrir la Terre. La nature prend le meilleur et laisse aux hommes la vermine polluante qui les constitue.
Ne pas entendre l'alarme. Se réveiller sans avoir dormi.


LML ( 21 mars 2014)