A l'école, le cahier de brouillon était très certainement mon support préféré. Brouillon j'étais, dès mes débuts avec l'écriture. Quel gâchis ! L'écriture doit être agréable et régulière selon les instituteurs ! Ratures, gribouillages, annotations; des flèches, des traits, page déchirée, lignes recopiées, punitions, mauvaises notes...
Les ratures sont inacceptables. Pourtant, elles expriment merveilleusement la pensée, l'ébauche de nos idées...Que faire lorsque les idées s'affolent, que les images envahissent la pensée, comment les exprimer pour me faire comprendre?
Le brouillon n'est que désordre et saleté. Quelle étrange vision! N'est-il pas plutôt un plan, une logique, les débuts d'une prise de responsabilité ? Que dois-je garder? Que dois-je ôter? Ce n'est pas toujours évident de mettre des mots sur des images mentales...
Si l'écriture dévoile la pensée de façon à éclaircir un sujet, laissez donc exprimer le brouillard qui est dans ma tête. Derrière lui, se cache l'essentiel...
Si mon brouillon vous fait mal aux yeux, c'est parce que j'exprime ce que vous ne pouvez pas voir, ce que je ne peux pas voir non plus...
C'est un autre regard, puis viendra le temps où il faudra mettre en lumière ce qui est obscure. Laissez-moi ce temps!
Lis tes ratures, lie tes ratures, un jour viendra la littérature.
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