Au cours d'un atelier d'écriture, j'ai vu ma plume se délier ...
Pourquoi suis-je ici ?
Dans cette salle de cours à vous écouter ?
J'ai un projet tout simplement. Vous me montrez le chemin.Un projet dans lequel l'objectif est de découvrir mon style d'écriture. Je le travaille, l'améliore. Il n'y acertainement pas de hasard si je me trouve face à vous aujourd'hui.
Face à vous ? Le suis-je vraiment ?
Nous sommes en mesure de nous reconnaître si nos chemins se croisent de nouveau. Votre visage ne me sera pasindifférent. Peut-on dire que nous nous connaissons pour autant ? Non, je ne le pense pas. Face à vous, je ne le suis pas dans cette salle de cours, je le suis à cet instant même où je vous dévoile mon écriture et l'univers qui la caractérise.
Comment définir l'écriture ?
Si ce n'est qu'elle devient au cours de notre vie un réel besoin. Elle prend aufur et à mesure de notre existenceune place considérable.
Impossible de fuir.
Difficile de comprendre pourquoi nous sommes tributaires de cet acte.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Je ne peux répondre pour vous. Il m'a fallu tant d'années pour comprendre moi-même. J'ai réalisé qu'elle était liée à moi.
Se lever chaque matin en se demandant quel est son avenir ; Jamais trouver de réponse. Avancer dans la vie, dans différents rôles sans jamais trouver sa propre identité. Mon identité c'est elle. C'est dans la pratique de l'écriture que je me sens moi-même, que j'ai la sensation de travailler et de donner un sens à ma vie.
Si je devais décrire ma relation à la pratique de l'écrit, je pense que cela ressemblerait à une déclaration que l'on pourrait faire à une personne à laquelle nous sommes attachés. C'est un plaisir de s'isoler pour lui consacrer du temps. Lorsque le moment de nos retrouvailles sonne, je ressens un bien-être. J'ai hâte de me rendre au rendez-vous et de lui livrer mes confidences, mes envies, mes rêves, lui décrire comment je vois le monde. L'écriture est une échappatoire . C'est une façon de concrétiser mes idées , mes pensées, mon imagination. C'est leur donner une forme, une consistance. J'ai beaucoup de mal à écrire directement sur le clavier de mon ordinateur. J'ai besoin de sentir le stylo plume ou le crayon à papier entre mes doigts, entendre le frottement de la plume ou de la pointe sur le papier. Sentir l'odeur du papier, le toucher avant de me livrer. C'est une relation intime où je lui dévoile ce qu'il y a de plus profond chez un être, ce qui est caché, enfoui depuis toujours. Notre naissance est la mise à nue d'une personne, nous nous révélons au monde mais ce qui est en nous, ce que nous ressentons ne naît jamais véritablement. Lorsque nous parlons à l'autre, nous nous retenons parfois, nous oublions avec le temps ce que nous lui avons dit exactement. L'écriture est la plus belle révélation de ce que nous sommes réellement.
Si l'écriture devenait un être avec qui je pourrais converser, je lui dirais qu'elle est mon rituel quotidien et qu'elle devrait se préparer à me tenir compagnie toute la nuit, assise sur le canapé jusqu’au lever du soleil. Elle me captive et me dévore chaque nuit un peu plus.
A qui puis-je en vouloir de subir une telle addiction ?
Je pourrais accuser le papier qui m'attire, à la couleur bleutée et à la fluidité d'une écriture à la plume. Mais c'est à moi-même que je devrais m'en prendre. A mes pensées, mon imagination qui ne cessent de me tourmenter depuis de nombreuses années maintenant. Ces cris du coeur qui n'ont pas trouvé d'autres refuges. Ils s'échouent sur le papier, par faiblesse peut-être, je lâche le poids de l'ancre, je lâche mon encre et ainsi mon esprit reprend le souffle de la liberté.
Ce sont des nuits blanches où je rêve, où je me souviens, où j'invente sans savoir où je vais parfois. Je rêve les yeux ouverts. Tous ces souvenirs qui se mêlent à des idées inconnues et qui remplissent mes pages blanches. Parfois dans la joie, parfois dans la mélancolie, toujours accompagnée de quelques notes de piano, je souris , je pleure, je vis, je meurs.
La créativité est une machine qui fonctionne intérieurement en continu. J'ai toujours un carnet et un stylo avec moi, partout où je vais, je prends des notes et je me nourris de ma vie, de la vie, de scènes quotidiennes dans la rue, un sourire, un regard, une silhouette, une affiche, un mot, une conversation...
Tout est source d'inspiration.
La vie est la sève qui nourrit et fait éclore les idées, l'idée est une fleur que l'on soigne pour faire d'elle la plus belle et la plus rayonnante de notre jardin. Puis, une fois sur le papier, elle devient un fruit mûr qui n'a plus besoin de nous et qui peut partir en paix ou bien se faire dévorer des yeux et être dégustée en laissant quelques saveurs amères ou bien encore un bon goût inoubliable.
A chaque instant, ma mémoire est la bobine. Mes yeux, la technique de projection. Mon état se confond entre le songe et l'éveil. Mise en place de la grande toile blanche sur laquelle mon cerveau visualise enfin le contenu de la pellicule. C'est comme au cinéma sauf que je n'en suis qu'au montage. Les scènes défilent de manière incessante. Dès le lever du jour l'idée mûrit et monopolise mes pensées. C'est seulement une fois posée dans le silence de la nuit que je me réveille pour transcrire sur le papier cette fiction. Elle occupe et empiète ma réalité qui n'est plus que quelques moments furtifs dans mes journées. Le travail d'écriture n'est rien d'autre qu'une illusion d'optique que l'on décortique pour la faire vivre d'émotions, de ressentis. Créer à partir de nos sens une histoire en ajoutant d'autres sens et faire de ces bribes réelles une fiction à part entière.
Roxanne Du Lac
(Laetitia Marie-Legros) 2010
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Commentaires Ancien blog sur L'écriture
C'est beau comme on se débat avec des mots pour se livrer sans jamais arriver à faire le tour de nos passions...
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