Roxanne du Lac ( Laetitia Marie)

dimanche 2 février 2014

Le grand départ.

boyandpuppy3

C'était le grand départ.
Nous avions un défi à relever: ne pas verser de larmes. 
11 ans, ma taille, 3 pointures de plus que moi. Il est devenu grand en si peu de temps. Pour éviter tous sarcasmes: Un bisou rapide, un petit conseil de dernières minutes.

Voilà !

Il se retourne et me lance un clin d'oeil qui en dit long (t'inquiète pas maman, ça va bien se passer). Au fond de moi, je sens le coeur qui grince, j'ai les tripes flexibles: on m'enlève mon fils.
A peine monté, il s'est déjà assis confortablement à une place côté fenêtre. Un gosse s'installe près de lui. Ils se connaissent depuis deux minutes et ce sont déjà les meilleurs amis du monde.Une vitre nous sépare. Il fait le pitre à juste titre: ne pas pleurer ! Il ne faut pas pleurer !


Le départ est imminent.


Certains font la moue, d'autres se cachent. Il ne faut surtout pas voir leurs petits yeux larmoyants. Lui, il me regarde avec ses deux gros calots couleur azur. On décèle la malice, je devine la complicité. 
Il lève la tête, reprend son souffle et remarque mon petit sourire narquois. Il me sourit puis lève son sourcil et son épaule comme pour me faire passer un message : non, tu ne m'auras pas ! Je vois bien! Il se contient. C'est devenu un petit homme...


Annonce du départ. 


Fragilité féminine ? Je sens l'embouteillage se pointer dans ma gorge. Rétrécissements des voies, il y a un noeud insurmontable: je craque en essayant de garder un minimum de retenue. La plupart des parents sont derrière moi, c'est une chance ! Pour les autres : circulez ! Il n'y a rien à voir. Ok ! La journée devrait démarrer sur les chapeaux de roue, mais j'ai le périphérique oculaire fluide...dans ce cas, ce sont les craintes et la vigilance d'un coeur maternel qui réagissent. Laisser partir son enfant avec des étrangers c'est voyager vers l'inconnu par temps de pluie. Bon, ne poussons pas le bouchon un peu trop loin...
Mais quelle idée j'aie eu de m'éloigner du plus beau paysage de ma vie, de mon petit rayon de soleil ! Bien évidemment, il ne faut pas s'étonner après cela de voir le ciel s'assombrir et laisser échapper quelques gouttes de pluie. Je le vois agiter sa tête et me faire les gros yeux: non non, maman ne pleure pas ! Mes doigts me servent d'essuie-glaces automatiques, je souris. Il a gagné le défi et ça le fait rire ! 
L'amour maternel c'est souvent la roue de secours d'un gosse qui démarre dans la vie. Puis la roue tourne, il construit sa propre route. 
Chaussée glissante de sentiments, les pneus s'accrochent...
Quoi qu'on en dise, par temps de pluie ou de neige dans son coeur il faut savoir garder ses distances et apprendre à briser les chaînes.

Bon voyage ma crapouille...

Roxanne Du Lac
Laetitia Marie-Legros 2012

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