Petite piqûre de rappel, mon coup de G sur cette société

Une matinée de plus dans ce RER A, à passer sous ce tunnel sombre pour aller rendre visite à la "moutonnerie". Non pas que ce moment soit tant attendu de ma part mais je n'ai rien trouvé de mieux pour alimenter mon pouvoir d'achat.Je me retrouve agglutinée dans la ruche aux esclaves de l'accessoire portable avec lequel ils consomment du réseau social, de la publicité et des SMS (Sois Moins Seul) en illimité mais qui leur coûtent plusieurs centaines d'euros à l'année.

Dans cette ruche, la Reine aux yeux masqués de lunettes noires « effet mouche » butine le nectar branché de la bêtise indémodable de son « Closer » adoré sans jamais avoir remarqué que le nom de ce magazine était « proche » de celui de« Loser ».

Têtes baissées, le nez dans le dernier Lévi, le peu qui pensent se cultiver, lisent la littérature populaire et de masse. Désormais, il n'existe même plus ce plaisir de voler d'un regard le titre du livre de son voisin. Aujourd'hui, ce n'est plus le Monde pour s'informer mais on lit le monde dans le Métro.Ils ont tous le même portable, la même couverture de livre, le même journal entre les mains et ils sont 80 % à descendre à cette même station de la Défense où ils ont le sentiment de vivre leur rêve américain dans leur peau de Bérurier.

Centre commercial « Les Quatre Temps », c'est dans un cadre « hight tech » et aux coulisses envahies de souris que les moutons se prennent pour des félins et guettent l'ouverture des rideaux de fer des boutiques pour se jeter sur leur proie enrobée du matérialisme futile. Ils dépensent l'argent qu'ils n'ont pas pour devenir ces soit disant « Hommes Modernes » alors qu'en réalité, ils comblent le vide angoissant qui les constitue de superflus et qui les gonflent inconsciemment d'idioties.Pour poursuivre leur grand voyage parmi les plus grandes enseignes, ils sont fiers de porter les sacs éco-durables à l'effigie des marques et cachent au fond de ce sac le contrat de leur crédit à la consommation. Ils mangeront des « patates » à la fin du mois mais ils sont certains qu'Auchan n'oubliera pas de leur faire l'offre promotionnelle: « deux achetés, un gratuit ».

La consommation appelle à la consommation, ils se restaurent chez Mac Do en commandant un Maxi Best of, Big Mac, Coca light sur les conseils de leur magazine Be dans lequel était certifié que le Coca-Cola était calorique. Pendant qu'ils se gavent de cette nourriture indigeste, ils palabrent sur la formidable soirée à venir devant leur poste de télévision en compagnie de leur stars aux QI de poules de Secret Story. Ils pourront se détendre en se vidant l'esprit et se rempliront le ventre de bonbons acidulés à la graisse de porc.

Je secoue la tête par désolation, et je me contente de finir mon travail avant de me rendre malade par cette surconsommation de stupidité, j'espère simplement être immunisée à long terme car quel est l'avenir de celui qui consomme en masse ? si ce n'est devenir un« con en somme » .

Roxanne Du Lac

(Laetitia Marie-Legros) 2010