Roxanne du Lac ( Laetitia Marie)

dimanche 12 octobre 2014

Faux départs (extrait)

    
Didier Avinés, Artiste peintre amateur à Douai. 




  Peinture à l'huile: L'orée du bois.
http://www.didieravines.fr/peintures




           Il y a quelques mois, elle a retrouvé un de ses vieux carnets, celui-ci a échappé au feu. Elle a relu ses notes avec ses incontrôlables ratures, ses peurs, quelques dessins, de simples pensées d'une enfant de six ans qui découvrait l'écriture. Puis, il y avait l'adresse d'une dame...
Elle ne se souvient plus de sa voix. En revanche, elle se souvient qu'elle lui avait dit « c'est à l'orée du bois ». Elle trouvait ça beau « à l'orée du bois ».
Punky n'aimait pas l'école, à part les vieux bancs en bois, l'immense carte du monde, Oscar le squelette, Mme Doublet et son adresse qui la faisait rêver. Elle était la seule de la classe à posséder les coordonnées de la maîtresse car la môme espérait lui écrire, un jour. C'était un secret entre elle et Punky. Pour la gosse, c'était comme un trésor, un bon point, quelque chose de si précieux aux yeux de cette enfant qu'il existe encore presque trente ans après. Cette dame avait compris Punky, elle savait qu'elle s'ennuyait. La maîtresse d'école était à la fois déçue lorsque ses parents ont refusé le saut de classe et ravie de la retrouver au niveau supérieur. C'était chouette, CP et CE1 avec cette petite dame aux cheveux bouclés. La môme la regardait, elle était persuadée que c'était la sœur de Pierre Perret tant elle lui ressemblait, même si elle n'avait pas le même nom. D'ailleurs, elle avait remarqué qu'elle portait une alliance, il était donc normal qu'elle n'ait pas le même nom. Punky ne voulait pas la décevoir alors elle rêvait et travaillait aussi. Après ces deux années, Punky a fait semblant de ne plus savoir sauf quand c'était vraiment intéressant , d'où les gentils commentaires dans ses carnets de notes : « travail irrégulier, trop de ratures, brouillon, rêveuse, vos cahiers sont de vrais torchons » Ce qui était faux, sinon elle aurait pu essuyer la vaisselle avec. Punky croit que le plus mémorable d'entre tous c'est celui de son maître d'école du CM2: « il n'y a pas que le sport et l'art à l'école ». C'est fort possible...Pourtant, il était bien content ce Monsieur quand le journaliste est venu à l'école pour ce premier prix remporté lors d'une rencontre sportive confrontant toutes les classes de la ville. Un chèque pour l'équipement sportif de l'école gagné sur le dos des enfants. Elle trouvait cela injuste car c'était grâce à peu d'entre eux, les meilleurs en sport et c'est tout. De plus, l'année prochaine, elle quittait l'école primaire pour le collège. Alors, ce n'était pas vraiment un cadeau parce qu'on ne reprend pas ce qu'on offre. Il était fier aussi lorsqu'il a demandé à des entraîneurs de venir la voir courir dans la cour d'école contre des garçons. Alors pourquoi l'humilier ensuite ? « Madame Mère au tableau pour la dictée ! »  Cette façon de la nommer, elle s'était habituée. Ce jour-là, ce qui avait dérangé Punky c'était la suite : écrire à la craie, debout derrière un tableau ce n'était pas juste par rapport aux autres assis confortablement. Comment écrire droit avec des lettres cursives ? Elle avait trouvé la solution : écrire en lettres scriptes. Elle pensait que son idée était géniale. Ce n'était pas le cas apparemment quand elle a vu la colère dans ses yeux en retournant le tableau face à la classe. « Mademoiselle, ce n'est pas parce qu'on a le corps d'une jeune fille qu'on doit jouer à la grande. Veuillez garder votre crise d'adolescence et votre fantaisie pour le collège. Dommage, ce sera un zéro pour votre manque de respect ! » Quel était le rapport entre son corps et l'écriture scripte ? Elle ne comprenait pas. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait eu zéro au lieu de huit sur dix pour avoir écrit de cette manière et que c'était de la faute de sa taille et de sa poitrine. 

 Depuis ce jour, Punky détestait le tableau, son corps, les autres. Quant à lui, qu'elle ne nommera pas, elle le détestait tout autant qu'elle appréciait ce qu'il avait fait pour elle. Grâce à lui, les entraîneurs sont venus chez elle un jour...
C'était certain, elle devait intégrer le club d'athlétisme dès la rentrée au collège.

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